Le printemps des revues
francophones de fantastique
 
 
 
 
    1998 restera une année faste pour le fantastique en France (et non français, j'espère que vous savez faire la différence). En effet, deux revues sont venues enrichir ce petit monde et les fans ne peuvent en être que contents. Mais qu'en est-il exactement ? Grimoire a "testé" les deux produits pour vous, chers lecteurs. En voici le compte-rendu.

 Science-Fiction Magazine, une revue si nouvelle que ça ?

 
    Lorsque Science-Fiction Magazine (SF Mag pour les intimes) est arrivé en avril dernier, je n'ai pas pu retenir ma déception. Et oui, SF Mag n'est autre que le fanzine Ozone renommé. Mais oui, c'est ça !!!! Que je suis bête, elle est ici, la différence. Et dire que je ne l'avais pas remarquée et pourtant elle est de taille :

SF Mag est un magazine tandis qu'Ozone était un fanzine !

    Et c'est une sacrée différence car SF Mag est désormais distribué chez les marchands de journaux et donc accessible, par définition, à un public plus large. Mais qui dit public plus large, dit un changement de contenu pour qu'il touche ce plus large public.
Rassurez-vous, l'honneur est sauf car SF Mag n'est pas très différent de son prédécesseur Ozone. Cela, on le doit pour une grande part à l'équipe dirigeante solidement ancrée autour de Henri Loevenbruck et Alain Névant. On retrouve toujours avec bonheur les mêmes chroniqueurs et les mêmes rubriques. Pour le fantastique, thème qui nous intéresse particulièrement, en plus des articles occasionnels, il y a la chronique des livres et surtout la chronique de Jacques Goimard.
Quoiqu'il en soit, SF Mag demeure une revue honorable (du moins jusqu'au n° 2 car le n° 3 est une catastrophe. Voir "Fantastic'Revues") et elle se définit elle-même comme "Le magazine de la culture SF". A ce titre, tous les domaines sont abordés aussi bien les classiques comme la littérature, le cinéma ou la BD mais aussi des thèmes plus novateurs comme la télévision, les jeux de rôle ou le multimédia. Cette revue s'impose donc comme indispensable à ceux qui veulent connaître toute l'actualité de l'Univers SF (par Univers SF, j'entends la Science-Fiction, la Fantasy et le Fantastique et son avatar la Terreur). Et en plus les tarifs sont plus qu'atractifs.

Science-Fiction Magazine
B.P. 70
75 561 PARIS Cedex 12

Abonnement un an (6 numéros) : 150 francs (200 francs étranger et DOM-TOM).
 

Ténèbres ou le renouveau du fantastique en France.

 
    Dans le numéro précédent de Grimoire, je vous parlais de la nouvelle revue que l'association Lueurs Mortes, à qui l'on devait déjà le formidable fanzine Show Effroi, comptait lancer en début d'année 1998. Et bien, c'est chose faite avec Ténèbres. Que dire de plus à part que c'est une réussite totale ! Pourtant, il y a tant à dire.

    Il y a tout d'abord l'équipe de Ténèbres composée de spécialistes et d'écrivains de fantastique. En vrac, citons Daniel CONRAD et Benoît DOMIS qui sont les poumons de Lueurs Mortes. Participent aussi Laurent FRANCAIS (écrivain de talent qui plus est),  Guy ASTIC et Jérémi SAUVAGE (chroniqueurs de choix), Marc BAILLY (également à la tête de la revue belge Phénix et directeur de collection chez Lefrancq Editeur), Thomas BAUDURET et Jean-Daniel BREQUE (notamment traducteur l'un chez Presses Pocket, l'autre chez Denoël), Jean MARIGNY (professeur d'université et spécialiste, entre autres, de la littérature vampirique), Gilbert GALLERNE (écrivain talentueux à souhait), Daniel RICHE (directeur de collection au Fleuve Noir), Daniel WALTHER et Francis VALERY (chroniqueurs et écrivains). Cette "Dream Team" s'avère le premier atout de Ténèbres.

    Si l'on en croît Daniel Conrad, co-rédacteur en chef, Ténèbres poursuit un but :

"Réconcilier littérature fantastique de qualité et littérature populaire"
Ténèbres vient donc combler un vide qui existait en France, à savoir, l'existence d'une revue professionnelle de Fantastique moderne "qui s'intéressera à tous les courants du genre : onirisme, fantastique borderline, fantasy, horreur tranquille, fantastique introspectif, épouvante, terreur, voire même gore."

    La maquette et le contenu des premiers numéros de Ténèbres sont séduisants et traduisent la volonté de l'équipe de conduire son projet à terme.
La première constatation est la part belle faite à la fiction, et ce n'est que tant mieux. Enfin une revue réhabilitant la nouvelle fantastique, nous n'avions pas connu cela depuis... euh... Fiction il me semble. Les textes sont nombreux (7 pour le n° 1, 9 pour le n° 2 et 6 pour le n° 3) et certains s'apparentent quasiment à des novellas comme Apocalypse Dracula de Kim Newman (dans le n° 3) qui fait tout de même 32 pages (dactylographié assez petit il faut dire). Quant à l'origine des histoires, elles sont internationales, aussi bien francophones qu'anglo-saxones avec même, chose incroyable, une majorité de textes français ! Côté auteurs, Jean-Pierre ANDREVON, Poppy Z. BRITE, Kim NEWMAN, Jay R. BONANSINGA, Gilbert GALLERNE, Pascal FRANCAIS, Jean-Claude DUNYACH, excusez du peu. Un seul doute me tracasse : au vu de la qualité et des noms publiés jusqu'à présent, je me demande (peut-être à tort) si, du côté des fictions, Ténèbres ne va pas devenir trop élitiste, c'est-à-dire un cercle fermé où seuls les écrivains ayant déjà fait leurs preuves auront la possibilité d'être publiés. ce serait dommage et irait à l'encontre de la politique poursuivie par la mythique revue Fiction.
Autre point fort de Ténèbres concerne les études sur le Fantastique moderne. Là, je n'ai qu'une seule chose à dire : bravo ! Que ce soit des articles portant sur un auteur en particulier comme Poppy Z. Brite ou Kim Newman ou plus généralement sur, par exemple, "Rire et horreur", "L'horreur urbaine" ou "Fantastique et horreur made in Australie", l'intelligence et l'acuité avec lesquelles elles sont menées sont sidérantes et étonnantes. Les chroniqueurs font montre d'une culture du fantastique fantastique (si vous me permettez cette figure de style). Rien que pour cela, la lecture de Ténèbres  s'impose.
Enfin, Ténèbres colle à l'actualité du fantastique de façon plus terre à terre avec des news (autrement plus fraîches que les miennes) et des critiques de livres (autrement plus pertinentes que les miennes).

    Si avec tout cela, je ne suis pas parvenu à vous convaincre de vous abonner à cette revue, que voulez-vous que je fasse ! Plus sérieusement, Ténèbres se doit d'être le livre de chevet, que dis-je, la Bible de tout amateur de fantastique qui se respecte.

TENEBRES - LUEURS MORTES
B.P. 49 - Hôtel de Ville
54 110 DOMBASLE

Abonnement un an (4 numéros) : 220 francs (260 francs hors CEE).
Modes de paiement : chèque, eurochèque ou mandat postal.
 

Obscure Mandragore.